Êtes-vous cette personne qui fond en larmes devant une publicité émouvante ? Ou qui explose de colère pour un détail anodin ? Si vos émotions vous submergent au quotidien, il est possible que vous soyez hyperémotif.
Bien que le terme « hyperémotif » ne figure pas dans le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), de nombreux psychologues l’utilisent pour désigner des personnes dont les réactions émotionnelles sont exacerbées et incontrôlables.
On estime qu’environ 15 à 20% de la population serait hyperémotive. Et contrairement aux idées reçues, ce trait de personnalité n’est pas réservé aux femmes ou aux « gens faibles » !
Alors, qu’est-ce que l’hyperémotivité exactement ? Comment savoir si on en souffre ? Et surtout, comment faire pour dompter ses émotions quand elles nous submergent ?
Table des matières
Qu’est-ce que l’hyperémotivité ?
L’hyperémotivité se définit comme une sensibilité émotionnelle excessive. Concrètement, l’hyperémotif ressent toutes les émotions, positives comme négatives, de façon bien plus intense que la moyenne.
La joie, l’amour, l’excitation sont décuplés. Mais la tristesse, la colère ou l’anxiété aussi. Et ces sentiments intenses envahissent littéralement l’hyperémotif, qui a beaucoup de mal à les contrôler.
Les causes de l’hyperémotivité
Bien que certains facteurs génétiques et biologiques puissent influencer le tempérament émotionnel, l’hyperémotivité résulte surtout de notre éducation. En grandissant, nous intériorisons des modèles parentaux et culturels qui façonnent notre manière d’exprimer nos émotions.
Ainsi, un enfant élevé dans un environnement chaotique ou invalidant risque de devenir hyperémotif. Il n’aura pas appris à identifier, nommer et gérer ses sentiments.
À l’inverse, des parents attentifs, à l’écoute des besoins de l’enfant, lui permettront de développer son intelligence émotionnelle et d’apprivoiser ses émotions.
Les caractéristiques de l’hyperémotif
- Réagit de façon excessive, que ce soit dans la joie ou la détresse
- Ses émotions sont très changeantes et intenses
- Pleure, crie ou rit facilement et de façon incontrôlable
- Se vexe, s’emporte pour un rien
- Est très sensible aux changements, aux imprévus
- Se sent facilement submergé, envahi par ses émotions
- Souffre de troubles anxieux ou dépressifs
Les conséquences de l’hyperémotivité
Vivre avec un mental hyperémotif peut vite devenir épuisant. Cela génère beaucoup de souffrance psychique mais retentit aussi sur la vie quotidienne :
- Difficultés relationnelles et affectives
- Problèmes professionnels
- Troubles psychosomatiques (maux de ventre, de tête…)
- Addictions pour calmer l’anxiété (alcool, drogues…)
- Dépression, troubles anxieux voire burn-out
Heureusement, même innée, l’hyperémotivité peut s’atténuer grâce à un travail personnel. Explications dans la suite de cet article !
Suis-je hyperémotif ? Comment le savoir ?
Avant d’explorer des solutions pour mieux vivre avec ses émotions, encore faut-il savoir si l’on est vraiment hyperémotif ! Voici donc quelques signaux qui doivent vous alerter :
On vous qualifie souvent de « trop »
Trop sensible, trop nerveux, trop dramatique… Votre entourage vous reproche fréquemment d’en faire des tonnes, de réagir de manière excessive.
Vous vous sentez facilement envahi(e), dépassé(e)
Au moindre imprévu, changement ou conflit, vous avez l’impression de perdre pied, d’être submergé(e) par vos émotions. Celles-ci vous envahissent complètement.
Vous réagissez au quart de tour
Il vous suffit d’un mot, d’une remarque anodine pour vous vexer, vous mettre en colère, fondre en larmes… Vos réactions sont immédiates et disproportionnées.
Vos émotions sont très changeantes
Vous passez très vite d’un extrême à l’autre : de la joie aux larmes, de l’amour à la haine… Vos humeurs sont versatile, vos sentiments très fluctuants.
Vous êtes très sensible aux changements
Le moindre imprévu chamboule votre équilibre. Vous supportez mal l’incertitude et les situations nouvelles, qui génèrent beaucoup d’anxiété.
On vous dit souvent de « lâcher prise »
Incapable de prendre du recul sur une contrariété, vous avez tendance à ruminer, ressasser. Votre entourage vous conseille de relativiser mais vous en êtes incapable.
Si au moins 3 ou 4 de ces comportements vous correspondent, il y a de fortes chances que vous soyez hyperémotif. Mais rassurez-vous : ce n’est pas une fatalité ! Avec un peu de pratique, vous pouvez apprendre à maîtriser vos émotions.
Hyperémotivité : 5 étapes pour apprivoiser ses émotions
L’hyperémotivité a beau être ancrée en nous, il est tout à fait possible de mieux la gérer. Voici 5 conseils pour y parvenir :
Identifiez vos émotions
La première étape consiste à mettre des mots précis sur ce que vous ressentez. Colère, tristesse, peur, honte… ? Cet exercice permet de prendre conscience de ses émotions au lieu de les subir. Il est plus facile de gérer un sentiment identifié qu’une vague angoisse.
Accueillez vos émotions sans jugement
Ensuite, accueillez ce que vous ressentez sans vous juger. Ne réprimez pas vos émotions, ne les combattez pas. Au contraire, laissez-les s’exprimer en toute bienveillance. Cela aloneira leurs manifestations et vous évitera de vous sentir envahi.
Cherchez leur cause ou leur message
Décryptez ensuite ce que vos émotions cherchent à vous dire : qu’est-ce qui les a déclenchées ? Votre colère cache peut-être une blessure qui nécessite d’être soignée. Votre anxiété una peur à affronter. Comprendre ses émotions permet de les désamorcer.
Relativisez la situation déclenchante
Une fois que vous avez accueilli puis décodé ce que vous ressentez, essayez de prendre du recul. Relativisez l’événement à l’origine de ces émotions, réévaluez son importance. Cela vous aidera à retrouver votre calme.
Canalisez vos émotions de façon constructive
Enfin, il est essentiel de trouver une façon saine d’exprimer ce que vous ressentez, pour éviter de le refouler. Vous pouvez extérioriser votre colère, tristesse ou joie par la parole, l’écriture, le sport, l’art… L’idéal étant de le faire sans nuire à vous-même ni aux autres !
Bien appliquées, ces 5 étapes devraient vous aider à mieux vivre avec votre hyperémotivité. Mais dans les cas les plus complexes, n’hésitez pas à consulter un psy !
Hyperémotivité : quels sont les meilleurs traitements ?
Lorsque l’hyperémotivité devient handicapante et source de souffrance au quotidien, il peut être judicieux de se faire aider par un professionnel.
Thérapies comportementales et cognitives (TCC), hypnose, méditation de pleine conscience… De nombreuses techniques permettent aujourd’hui d’apprivoiser ses émotions. Les voici :
La thérapie comportementale et cognitive
C’est l’une des approches les plus efficaces contre l’hyperémotivité. Le principe ? Débusquer les pensées irrationnelles qui exacerbent nos émotions pour les remplacer par des pensées plus justes et adaptées.
Les thérapies d’acceptation et d’engagement
Issues des TCC de 3e génération, ces thérapies utilisent pleine conscience et acceptation pour mieux vivre avec ses émotions. Objectif : accueillir ses ressentis plutôt que de vouloir les contrôler.
L’EMDR
L’EMDR (thérapie par désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) est très utilisée dans le traitement des trauma. En stimulant les deux hémisphères cérébraux, elle permet de désamorcer les émotions liées à des souvenirs douloureux.
L’hypnose
Grâce à un état de conscience modifié et de profonde relaxation, l’hypnose aide à identifier les déclencheurs de nos émotions puis à y devenir moins réactif. Elle est très utilisée contre les crises d’angoisses.
La méditation de pleine conscience
En se concentrant sur l’instant présent, la pleine conscience apprend à accueillir ses émotions sans s’y identifier ni les fuir. Une excellente façon de créer de la distance avec ses ressentis quand ils nous submergent.
Bien sûr, aucune solution miracle n’existe et cela demande du temps. Mais en vous faisant accompagner et en vous entraînant, vous parviendrez sans aucun doute à apprivoiser votre mental hyperémotif !
Vivre avec un proche hyperémotif
Lorsqu’un parent, conjoint ou ami est hyperémotif, cela peut être pesant à vivre au quotidien… Alors, comment supporter au mieux leurs sautes d’humeur ?
Informez-vous sur l’hyperémotivité
Prenez le temps de vous renseigner sur ce fonctionnement affectif particulier, de façon à mieux le comprendre. Vous réaliserez qu’il ne s’agit pas d’un « caprice » mais d’une réelle différence de sensibilité.
Dialoguez sans le brusquer
Expliquez-lui calmement et sans agressivité en quoi ses réactions excessives sont difficiles à gérer pour son entourage. Encouragez-le à travailler sur ses émotions.
Ne le fuyez pas
Bien que la tentation soit grande, ne coupez pas les ponts quand il est envahi par ses émotions. Votre présence aimante l’aidera à se calmer et à se raisonner.
Proposez votre aide
S’il suit une thérapie, proposez de l’accompagner à certaines séances pour mieux saisir son fonctionnement et identifier ses besoins.
Prenez soin de vous
Accordez-vous des plages de repos loin de toute stimulation émotionnelle. Et n’hésitez à consulter si son hyperémotivité devient trop envahissante.
Bienveillants mais fermes sur vos propres limites : c’est la clé pour accompagner un proche hyperémotif sans vous épuiser. Bon courage !